![Peinture à l'huile](https://media.ooreka.fr/public/image/peinture-abstraite-main-12561887.jpg)
La peinture à l'huile offre aux toiles une profondeur des couleurs et une précision dans les détails. Si la patience est de rigueur, l'avantage est de pouvoir « corriger » les erreurs et de travailler aussi bien en finesse et légèreté qu'en épaisseur.
Cette fiche pratique vous explique comment peindre à l'huile.
Zoom sur la peinture à l'huile : la règle du « gras sur maigre » entre les couches de peinture
La règle du « gras sur maigre » est incontournable en peinture à l'huile. Si vous la respectez pas, vous aurez une toile qui ressemblera à « une barbouille » qui ne séchera jamais ou bien qui craquellera. Bref, elle sera bonne à jeter à la poubelle.
Chaque couche de peinture doit donc être plus grasse que la précédente. Une peinture est grasse parce qu'elle contient de l'huile. Lors de la dilution à l'essence, elle devient plus maigre. La peinture à l'huile sèche par évaporation de son solvant. Plus elle contient de solvant, plus elle sèche vite et, inversement, plus elle contient d'huile, moins elle sèche vite. Si l'on met une couche de peinture maigre sur une couche grasse, la première séchant à cœur moins vite que celle qui la recouvre, on imagine le résultat.
Exemples : l'huile d'une peinture grasse enfermée va migrer sur la couche supérieure. Une couche maigre sur une couche grasse va sécher si vite que la tension entre la première et la deuxième couche va éventuellement former des craquelures à la surface.
Il est donc conseillé de procéder de la manière suivante :
- La première couche de peinture ou l'ébauche peut être fortement diluée à l'essence.
- La seconde couche ou la couche picturale de base contiendra un peu plus d'huile ou de médium, ou les deux, que la première couche, et ainsi de suite.
- Le temps de séchage entre les couches doit être d'environ de 2 à 3 jours pour les couches maigres et d'environ 2 à 3 semaines entre les couches grasses.
En respectant cela, vous vous assurez une peinture qui tiendra dans le temps.
Bon à savoir : l'emploi de siccatif est tentant, mais il doit toujours être maîtrisé, trop de siccatif égale beaucoup de dégâts. Ne l'employez pas sur les couches externes, ou faites-le avec parcimonie.
1. Choisissez vos pinceaux pour peindre à l'huile
Les différents types de pinceaux pour débuter
Choisissez un pinceau en poils naturels ou en poils synthétiques prévu pour la peinture à l'huile, donc résistants aux solvants :
- Le pinceau en poils naturels est plus onéreux et plus fragile, en plus d'être issu de fourrure animale.
- Le pinceau en poils synthétiques est un peu plus nerveux que celui en poils naturels, mais lorsqu'on débute, on aura pris le poil dans le bon sens au commencement de l'apprentissage et l'on pourra se passer de poils naturels.
La taille du manche et la forme du pinceau
Utilisez un pinceau à manche court ou long, de différentes formes en fonction de ce que vous souhaitez peindre :
- pour les détails : un pinceau à manche court, pour être près du dessin, et à poils souples pour étaler la peinture, mais pas trop non plus pour marquer les détails sans laisser de traces ;
- pour les lignes régulières : un poil long et souple, ou un poil court pour les très petits détails ;
- pour les aplats : des brosses plates et des pinceaux langue de chat aux poils durs et avec un manche long pour avoir du recul ;
- pour les fondus : un pinceau en éventail ;
- pour les empâtements : un couteau à peindre.
Bon à savoir : la largeur du pinceau dépend directement du motif et de la grandeur de la toile.
2. Sélectionnez votre support
Vous pouvez utiliser différents supports pour peindre à l'huile :
- les papiers pour peinture à l'huile : en feuilles ou en bloc, pratiques pour la peinture en extérieur et pour faire des études ;
- les cartons toilés enduits ou non : ils peuvent être emportés facilement et sont idéaux pour l'apprentissage en raison de leur faible coût ;
- les châssis entoilés enduits « prêt à peindre » : pour la maison ou l'extérieur, prévoyez un chevalet selon le format ;
- les panneaux de bois en chêne, hêtre, noyer ou peuplier : excellents supports pour la peinture à l'huile, à acheter ou, mieux, à récupérer pour les « upcycler ».
3. Choisissez des peintures à l'huile fine et/ou extrafine
Il existe deux grandes catégories de peinture :
- la peinture fine ou étude : moins de pigment avec un broyage plus grossier, donc plus de charge pour compenser, choix de couleur plus réduit mais suffisant pour réussir de belles teintes ;
- la peinture extrafine : beaucoup de pigment et un broyage très fin pour une grande intensité des couleurs, une tenue plus grande dans le temps et une opacité suffisante pour certaines teintes.
Conseil : étant donné le prix des couleurs extrafines, il est préférable de débuter avec une qualité fine puis d'ajouter, pour quelques teintes, des extrafines. Vous pouvez garder la qualité étude pour les fonds et les esquisses, par exemple.
4. Ajoutez différents auxiliaires pour parfaire votre peinture
La peinture à l'huile offre une grande souplesse d'application et ce, grâce aux auxiliaires. Voici les principaux et leurs utilisations respectives.
Les médiums
- Il permettent de fluidifier la peinture, apportent souplesse et brillance et rendent les couleurs plus intenses.
- Le séchage est plus rapide, permettant ainsi de faire plusieurs couches fines en quelques heures.
- L'emploi de médium n'est pas obligatoire, mais les peintures à la sortie du tube sont souvent diluée avec de l'essence de térébenthine, les rendant moins couvrantes et plus « cassantes » au séchage, en particulier si vous faites plusieurs couches.
- Pour l'emploi des glacis, le médium est un atout puisqu'il préserve la couche picturale dans le temps et permet un travail en transparence qui apporte beaucoup de profondeur à l’œuvre.
Les différentes huiles
Huile d’œillette, huile de lin, huile de tournesol… Crues ou cuites, le choix est très vaste et c'est au fil de l'apprentissage qu'on les découvre, en fonction des besoins. Leur rôle est de fluidifier la peinture, de la rendre plus grasse et, selon leur pouvoir siccatif, elles permettent de travailler dans le frais plus longtemps. Elles sont généralement employées en fin de peinture parce que très grasses.
Les essences
Il en existe différents types, mais pour débuter l'essence de térébenthine convient parfaitement. Son rôle est de diluer la peinture et les vernis. C'est donc un diluant qui rend la peinture plus « maigre » tout en accélérant le séchage. Bien sûr, l'essence est aussi employée pour nettoyer les outils et le matériel.
Important : travaillez dans un lieu ventilé lorsque vous utilisez de l'essence, loin d'une source de chaleur. Lavez les chiffons à l'eau froide avant de les passer à la machine. Stockez le produit hors de la portée des enfants.
Les siccatifs
Il y a différents produits, mais ils ont toujours la même fonction, celle accélérer le séchage de la peinture :
- Il faut les utiliser avec précaution et toujours en très petite quantité : 1 à 2 gouttes pour une noix de peinture qui n'en contient pas, ou bien dans les huiles non siccatives à raison de 1 à 5 %.
- Mélangez-les directement sur la palette avec la couleur à l'aide d'un couteau ou bien dans le godet qui contient l'huile.
Les vernis
Il existe des vernis à retoucher et vernis de finition. Les uns sont provisoires et les autres définitifs, deux fonctions pour deux usages différents mais complémentaires :
- Le vernis à retoucher s'utilise pour revenir sur la peinture. Il pénètre la couche picturale, permettant la retouche et/ou la réduction, la suppression des embus, soit la différence de lustre (par exemple une zone mate dans une zone brillante) en « reliant » la peinture.
- Le vernis de finition est à appliquer lorsque la peinture est sèche à cœur, après 6 mois à 1 an, pour protéger la peinture des agressions extérieures comme la fumée, du jaunissement (même si cela arrivera quand même), de la pollution, des micro-rayures…
6. Peignez à l'huile
Choisissez un modèle très simple avec un nombre de couleurs limité :
Conseil : prévoyez des chiffons et une blouse pour nettoyer les pinceaux et vous protéger des taches.
- Utilisez un fusain (il sera « effacé » en tamponnant un chiffon puis fixé) ou de la peinture fortement diluée pour faire l'esquisse.
- Passez les pinceaux sous l'eau tiède en les lissant de la virole vers le bout des poils.
- Déposez très peu de peinture sur une palette ou bien une assiette en plastique, à côté un godet avec de l'essence de térébenthine et un autre avec du médium.
- Travaillez une première couche de peinture très diluée pour tracer l'ébauche, sans les détails, dans une pièce ventilée, fenêtres ouvertes, les vapeurs de solvants étant nocives.
- Trempez le pinceau dans le médium et mélangez-le avec la peinture sur la palette puis ajoutez de l'essence pour la diluer ; vous pouvez vous passer de médium mais il est bien de commencer à se familiariser avec.
- Couvrez toute la toile. N'employez pas de blanc, utilisez le fond de la toile. Le blanc sert à ternir les couleurs, tout comme le noir.
- Laissez sécher votre première couche, puis travaillez la toile dans le détail en ajoutant un peu d'huile, un peu de médium et en trempant juste le bout des poils du pinceau dans l'essence.
- Laissez sécher plusieurs semaines avant d'appliquer une couche de vernis de finition à la brosse plate large type spalter en poils synthétiques, sur l'ensemble du tableau, en croisant les passes.
7. Nettoyez les pinceaux et le matériel de peinture à l'huile
Le nettoyage des pinceaux et du matériel est incontournable et doit être fait avec soin pour garder les pinceaux très longtemps :
- Commencez par essuyez vos pinceaux de la virole vers la pointe avec un chiffon pour retirer l'excédent de peinture.
- Remplissez un récipient, type pot de yaourt en verre, au quart de sa hauteur avec de l'essence de térébenthine ou bien du nettoyant pour pinceau.
- Trempez le pinceau dans l'essence et faites tourner doucement le manche sans forcer pour ne pas écraser sur le fond les poils jusqu'à la virole.
- Retirez le pinceau du récipient et essuyez-le avec un chiffon propre.
- Versez le contenu du pot dans une bouteille en verre qui ferme et remplissez le pot une nouvelle fois.
- Recommencez l'opération de nettoyage en trempant et en faisant tourner le pinceau.
- Sortez-le, essuyez-le, recommencez avec de l'essence propre, essuyez, trempez, tournez jusqu'à ce que le chiffon ne soit plus coloré.
- Passez le pinceau sous l'eau tiède en le frottant sur un savon de Marseille.
- Terminez en l'essuyant soigneusement avec un papier absorbant ou un chiffon propre.
- Lissez les poils entre le pouce et l'index pour reformer la touffe.
- Stockez vos pinceaux à plat ou bien dans un pot la tête en haut.
- Laissez décanter l'essence dans la bouteille fermée, la peinture se déposera au fond et vous pourrez réutiliser l'essence propre.
Bon à savoir : les pots ou palettes ayant eu du médium et/ou de l'huile se nettoient facilement à l'acétone.